Comment le trauma s’inscrit-il dans le corps : Une perspective neuroscientifique

Le trauma, qu’il soit psychologique ou physique, laisse une empreinte indélébile sur notre être. Mais comment, exactement, cette expérience douloureuse s’inscrit-elle dans notre corps ? Les avancées en neurosciences offrent aujourd’hui une compréhension plus profonde des mécanismes par lesquels un trauma affecte non seulement notre esprit mais aussi notre corps. Cet article explore les mécanismes neurobiologiques par lesquels les traumatismes s’inscrivent dans notre système.

Neurosciences

Le cerveau, centre de commande des réactions traumatiques

Lorsque nous vivons un événement traumatisant, notre cerveau réagit immédiatement pour assurer notre survie. Deux structures clés sont particulièrement impliquées :

 

L’amygdale : Cette petite structure en forme d’amande joue un rôle crucial dans la détection des menaces. Lorsqu’elle perçoit un danger, elle envoie des signaux d’alerte à travers le corps, déclenchant des réactions telles que la fuite, le combat ou la paralysie. Si cette réponse est normale et nécessaire, elle devient problématique lorsqu’elle se prolonge ou se répète fréquemment. Dans le cas d’un traumatisme, le cerveau peut rester bloqué dans cet état d’alerte, même longtemps après la fin de l’événement traumatique. Cette hyperactivation persistante de l’amygdale entraîne une dérégulation du système nerveux autonome, responsable de nombreuses fonctions corporelles essentielles.

 

L’hippocampe : Situé à proximité de l’amygdale, l’hippocampe est responsable de la formation des souvenirs. Cependant, lors d’un trauma, sa fonction peut être perturbée, ce qui explique pourquoi les souvenirs traumatiques peuvent être fragmentés ou flous.

Les réactions corporelles au trauma

Le corps réagit au trauma par le biais du système nerveux autonome, divisé en deux branches principales : le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique.

 

  • Le système nerveux sympathique : Il active la réponse « combat ou fuite », augmentant la fréquence cardiaque, la tension artérielle et préparant le corps à réagir au danger. Cette activation intense peut laisser des traces dans le corps sous forme de tension musculaire chronique, de douleurs physiques ou de problèmes cardiovasculaires.
  • Le système nerveux parasympathique : Après la menace, ce système est censé ramener le corps à un état de repos. Cependant, dans le cas d’un trauma, ce retour à l’équilibre peut être compromis, entraînant des symptômes tels que l’engourdissement, la dissociation ou une fatigue chronique.

L’incorporation du trauma dans la mémoire somatique

Les neurosciences montrent que les souvenirs traumatiques ne sont pas seulement stockés dans l’esprit, mais aussi dans le corps. Ce phénomène est souvent décrit comme la mémoire somatique, ou mémoire implicite ou procédurale . Cette mémoire, plus primitive, est gérée par des structures comme le tronc cérébral et le système limbique, et se manifeste souvent par des réactions corporelles automatiques.

 

Les sensations corporelles associées à l’événement traumatique – telles que des douleurs chroniques, des trouble digestifs; des tensions musculaires ou des palpitations  – peuvent persister longtemps après que l’esprit conscient ait tenté de les refouler. En d’autres termes, le corps devient prisonnier de l’état de stress, et les souvenirs du traumatisme peuvent être « inscrits » dans les tissus corporels, notamment sous forme de douleurs ou de blocages physiques.

 

Aussi, une personne ayant vécu un traumatisme peut réagir de manière disproportionnée à des stimuli qui rappellent l’événement traumatique, même si elle n’en a pas conscience. Ces réactions peuvent inclure des réponses de sursaut, une accélération du rythme cardiaque, ou des sueurs froides. Ces réactions sont le reflet de la manière dont le corps se souvient du traumatisme, indépendamment de la mémoire consciente.

L’impact du trauma sur le système endocrinien

Le trauma affecte également le système endocrinien, responsable de la libération des hormones dans le corps. Le cortisol, une hormone de stress, est libéré en grande quantité lors d’un événement traumatique. Bien que cette libération soit nécessaire pour survivre à court terme, un excès de cortisol à long terme peut avoir des effets délétères, tels qu’une suppression du système immunitaire, une prise de poids, et une augmentation du risque de maladies chroniques.

La guérison du corps et de l'esprit

Comprendre comment les traumatismes s’inscrivent dans le corps permet également de mieux orienter les traitements. Des approches thérapeutiques centrées sur le corps, telles que la thérapie somatique, la méditation, le yoga, ou encore l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), ont montré leur efficacité pour aider à « libérer » le corps du traumatisme.

 

Ces thérapies visent à rétablir l’équilibre du système nerveux autonome, en permettant au corps de relâcher les tensions accumulées et de désactiver les réponses de stress automatique. En travaillant sur le corps, ces approches permettent de traiter le traumatisme de manière holistique, en prenant en compte à la fois les dimensions psychologiques et corporelles de la guérison.

Conclusion

Le trauma laisse une empreinte durable non seulement sur notre esprit, mais aussi profondément dans notre corps. Comprendre les mécanismes par lesquels un trauma s’inscrit dans le corps, à travers le prisme des neurosciences, est essentiel pour développer des stratégies de guérison efficaces. À travers une combinaison d’interventions psychologiques et corporelles, il est possible de rétablir une harmonie entre le corps et l’esprit, permettant ainsi une véritable résilience face aux expériences traumatiques.

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez souffrez des effets du trauma, n’hésitez pas à prendre contact ici ou à réserver un rendez-vous via ce lien pour en discuter.

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner