L’alliance thérapeutique : un lien essentiel entre le patient et le psychologue

Lorsqu’une personne décide d’entamer un suivi psychothérapeutique — que ce soit pour une période difficile, un trouble particulier, ou simplement pour mieux se connaître — l’un des éléments les plus décisifs dans la réussite du processus est ce que l’on appelle l’alliance thérapeutique. Bien au-delà de la simple relation « patient-thérapeute », cette alliance constitue un fondement, une base sur lequel tout le travail peut se déployer.

Alliance thérapeutique

Qu’est-ce que l’alliance thérapeutique ?

Le terme alliance thérapeutique désigne la collaboration active et de confiance entre le patient et son psychologue.

Selon le psychologue américain Edward Bordin (1979), elle repose sur trois piliers :

  1. Un lien de confiance et de respect mutuel,
  2. Un accord sur les objectifs de la thérapie,
  3. Une entente sur les moyens mis en œuvre pour y parvenir.

Autrement dit, il ne s’agit pas seulement de “parler” ou de “recevoir des conseils” : c’est un travail à deux, où chacun a un rôle actif, le tout dan d’un climat de confiance.

Pourquoi cette relation est-elle si importante ?

1. Parce que la confiance libère la parole

Pour qu’une thérapie soit efficace, il faut pouvoir exprimer librement ses émotions, même les plus douloureuses.

Ce climat de confiance se construit petit à petit, au fil des séances.

Le psychologue accueille la parole sans jugement, dans un cadre confidentiel et bienveillant, permettant à la personne de se sentir en sécurité pour explorer son monde intérieur.

2. Parce que le lien motive et soutient le changement

La thérapie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il y a des moments de doute, de résistance ou de découragement.

Une alliance solide permet de rester engagé dans le processus, de maintenir le cap et de traverser ces périodes plus difficiles.

Les recherches montrent que la qualité du lien thérapeutique est l’un des meilleurs prédicteurs de réussite en psychothérapie, quel que soit le type de méthode utilisée.

3. Parce qu’elle favorise la co-construction du soin

La thérapie n’est pas “faite au patient”, mais avec le patient.

Quand les objectifs et les moyens sont décidés ensemble, la personne devient acteur de son propre changement.

Cette implication renforce le sentiment de compétence et d’autonomie, éléments clés du mieux-être psychologique.

Comment se construit une bonne alliance thérapeutique ?

Le plus souvent, elle se crée naturellement, à travers l’écoute, la présence et l’authenticité du psychologue.

Mais certains ingrédients favorisent cette connexion :

  • L’empathie : se sentir compris sans être jugé.
  • La clarté : comprendre le cadre, les objectifs et la démarche thérapeutique.
  • La sincérité : oser dire quand quelque chose ne convient pas ou semble bloquer.
  • La constance : le respect du cadre et la régularité des séances donnent confiance.
  • La reconnaissance : être dans une écoute active et valoriser ce qui est déposé lors des séance. 
  • La sécurité : l’espace des séance permet de se sentir en sécurité

Et si le lien semble fragile ou si une incompréhension surgit, en parler avec son thérapeute fait partie du travail. Ces ajustements peuvent renforcer la relation et permettre un nouveau départ.

Pourquoi on ne peut pas « se passer » de cette alliance ?

Même si on dispose de très bons outils (techniques cognitivo-comportementales, psychodynamiques, etc.), l’outil seul ne suffit pas. Sans un cadre relationnel solide, le risque est que les techniques soient appliquées « sur » plutôt que « avec » la personne.

Certaines études indiquent que l’alliance peut être plus déterminante que le type de thérapie choisi. 

L’alliance thérapeutique n’est pas une technique, c’est une rencontre humaine.

Un espace unique où l’on peut déposer ce que l’on ne dit nulle part ailleurs, être entendu pleinement, et peu à peu, se redécouvrir autrement.

C’est dans cette relation que la guérison psychique prend racine.

Mise en garde / Ce qu’il ne faut pas croire

  • Une alliance forte ne garantit pas une guérison immédiate ni un suivi sans obstacle : c’est un facteur favorable, pas une promesse absolue.
  • De même, si au départ vous ne « cliquez » pas avec un thérapeute ce n’est pas une fatalité : on peut en parler, réajuster ou envisager un autre professionnel.
  • Cela ne veut pas dire que le thérapeute est « votre ami ». Il y a une relation professionnelle, avec des limites (confidentialité, cadre, etc.). L’alliance ne supprime pas ce cadre, elle l’habite.
  • L’alliance n’est pas un « balisé » standard : elle peut évoluer, fluctuer, et doit parfois être réparée après une rupture partielle.

Conclusion

L’alliance thérapeutique est l’un des piliers d’un suivi psychothérapeutique efficace : elle permet de démarrer un travail en confiance, de s’engager activement, d’explorer ses difficultés dans un espace sécurisé, de construire une collaboration avec le thérapeute et de donner du sens à ses efforts. Si vous cherchez ou envisagez une thérapie, gardez-à-l’esprit que la relation compte, autant que la méthode utilisée et que trouver le thérapeute qui vous correspond, c’est avant tout trouver une personne avec qui vous pouvez être vous-même.

  • Bordin, E. S. (1979). The generalizability of the psychoanalytic concept of the working alliance. Psychotherapy: Theory, Research & Practice, 16(3), 252–260.
  • Martin, D. J., Garske, J. P., & Davis, M. K. (2000). Relation of the therapeutic alliance with outcome and other variables: A meta-analytic review. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 68(3), 438–450.
  • Ackerman, S. J., & Hilsenroth, M. J. (2003). A review of therapist characteristics and techniques positively impacting the therapeutic alliance. Clinical Psychology Review, 23(1), 1–33.
  • Horvath, A. O., Del Re, A. C., Flückiger, C., & Symonds, D. (2011). Alliance in individual psychotherapy. Psychotherapy, 48(1), 9–16.
  • Flückiger, C., Del Re, A. C., Wampold, B. E., Symonds, D., & Horvath, A. O. (2012). How central is the alliance in psychotherapy? A multilevel longitudinal meta-analysis. Journal of Counseling Psychology, 59(1), 10-7.
  • Flückiger, C., Del Re, A. C., Wampold, B. E., & Horvath, A. O. (2018). The alliance in adult psychotherapy: A meta-analytic synthesis. Psychotherapy, 55(4), 316–340.

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